Appel
du Club De Marseille. Novembre 2000.
APPEL DU CLUB DE MARSEILLE
"Pour la perspective d'adhésion
de pays du Maghreb à l'Union Européenne"
Novembre 2000
Le Club de Marseille* affirme que la paix et le développement
des pays du sud de la Méditerranée concernent
directement l'Europe. La Méditerranée
constitue un espace économique et humain commun
dont la gestion est devenue une nécessité
urgente, et conditionne en partie l'avenir du projet
européen. Les efforts déployés
par le processus de Barcelone pour résoudre les
déséquilibres entre le Nord et le Sud
de la Méditerranée ne sont pas à
la hauteur des défis. Les raisons des blocages
européens sont diffuses et relèvent parfois
de comportements intolérants ou xénophobes.
Surtout, le processus euro-méditerranéen
est fondamentalement ambigu : il prétend inclure
les sociétés du sud dans la zone d'influence
de l'Europe tout en les excluant de son espace humain.
Cette façon de penser l'espace régional
comme une simple périphérie de l'Europe
est porteuse de très hauts risques pour l'avenir.
Sur l'autre rive, les méfiances à l'égard
de la stratégie européenne renvoient à
l'histoire du colonialisme, au refus de l'impérialisme
et, là aussi, à certaines intolérances.
L'extension de l'Europe vers l'Est et la création
d'un groupe pionnier ou noyau dur européen doit
s'accompagner de la recherche ardente d'un rééquilibrage
vers le Sud pour des raisons et des intérêts
historiques, démographiques, humains et sociaux,
culturels, économiques, écologiques, géopolitiques,
sécuritaires et stratégiques.
Marseille a vocation à proposer une nouvelle
vision du destin méditerranéen, car son
métissage culturel et la diversité des
communautés évoluant dans un climat de
tolérance et de solidarité y ont créé
un équilibre où la multiplicité
des appartenances préserve à la fois les
diversités culturelles et la citoyenneté
commune. À l'échelle méditerranéenne,
le Club de Marseille considère qu'il est devenu
indispensable d'offrir une perspective d'adhésion
à l'Union Européenne aux pays du Maghreb,
à commencer par le Maroc qui en a fait deux fois
la demande.
Pour cela, la définition d'un socle de valeurs
communes reconnues par les pays de l'Union européenne
et par l'ensemble des pays partenaires est un objectif
fondamental. La place de la femme,
l'organisation de la famille, la liberté religieuse,
l'établissement d'une réelle démocratie
et du respect de la déclaration universelle des
droits de l'homme doivent pouvoir converger dans le
temps et dans l'espace méditerranéen conformément
à la déclaration de Barcelone, acte fondateur
du processus de partenariat euro-méditerranéen.
Le
Club de Marseille propose que des initiatives à
court terme soient prises dans la perspective d'une
adhésion à plus long terme pour les pays
qui s'engagent délibérément dans
les réformes, comme cela a été
envisagé pour la Turquie. Un Plan de la Méditerranée
doit être élaboré couvrant notamment
: la circulation des personnes, la formation des hommes,
l'ouverture totale de l'espace économique incluant
les domaines agricoles et les services, les échanges
scientifiques et techniques, l'aide au respect des normes
environnementales, les moyens de financement particulièrement
grâce à une réorientation de la
BERD vers le Sud. Le sud de la Méditerranée
reçoit en aide au développement un Euro
par an et par habitant alors que l'Est reçoit
aujourd'hui le double et les investissements directs
y sont 5 fois inférieurs. Les régions
défavorisées de l'Union Européenne,
quant à elles, obtiennent 220 Euros par habitant
et par an. C'est pourquoi l'accès rapide aux
fonds structurels est vital pour les pays du Sud. Si
rien n'est proposé, ces pays se tourneront naturellement
vers d'autres partenaires.
À
l'occasion la conférence des ministres des affaires
étrangères, le 16 novembre à Marseille,
le Club de Marseille invite la présidence française
et la commission de l'Union Européenne à
:
- ouvrir une perspective politique pour créer,
au sud, une grande zone de prospérité
et de paix et instaurer une communauté d'espace
humain;
- mettre en place un groupe de travail, représentant
les partenaires concernés, au plus haut niveau.
Ce groupe symétrique et équilibré
devra fixer les conditions de l'adhésion dans
un délai annoncé;
- définir les outils institutionnels politiques
et financiers indispensables à la création
effective de l'ensemble euroméditerranéen.
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