Juin
2000
Le
Club de Marseille est un lieu de confrontation intellectuelle
nourrie de la tradition de la cité en matière
de doubles appartenances : maritime et terrienne, méditerranéenne
et franco-européenne, sédentaire et migrante.
Il se propose d’orienter ses travaux sur la notion
de double appartenance, mais à l’échelle
des bouleversements actuels du monde où se cherche
une nouvelle délibération pour deux visions
du monde , globale et locale , mais aussi universelle
et identitaire. Par double appartenance, le club entend
multi - appartenance, c’est à dire être
simultanément singulier et autre, un et pluriel.
C’est un concept dynamique et créateur
qui sous tend la diversité et un pont vers l’altérité.
Cette notion se place à l’interface du
jacobinisme et du régionalisme. Par réaction
à la mondialisation se développe une surenchère
identitaire opposée à l’uniformisation.
Si on considère que l’identité est
infrangible, inseccable, l’appartenance est multiple
objet de diversité, de mutation, de création.
Marseille
est un creuset stimulant pour une telle démarche
car elle est un modèle émergent et crédible,
à la mode, de ville frontière entre le
Nord et le Sud, entre Europe et Méditerranée,
entre mer et terre, entre souveraineté et mondialisation,
entre communautarisme et République, entre histoire
millénaire et futur, entre racines, traditions,
sciences et utopies… Ces doubles aventures, ces
métissages, en font une ville peu normée,
créative, décalée, qui peut contribuer
à nourrir une vision universelle localisée.
Marseille est un mystère, une singularité,
sa force, c’est celle des « liens faibles
» du relatif généralisé.
La Marseille « way of life » interroge sur
les valeurs et les arts de vivre qu’elle propose.
Qu’a telle de propre plutôt que de pur ?
Un territoire de médiation où les idéologies
sont dépassées, où l’appartenance
à des intérêts est supplantée
par des appartenances à des plaisirs.
Marseille est une ville mondiale et adogmatique une
ville d’intégration (concept non mesurable
si ce n’est par l’absurde), qui n’a
pas peur des changements car le lieu prime sur l’organisation.
Observer
le monde à partir de Marseille, comme expression
d’une histoire méditerranéenne faite
de ruptures constantes tout en étant un berceau
de civilisation, crée une vision nouvelle et
prémonitoire.
Dans
cette nouvelle phase de ses travaux, le Club de Marseille
se fixe comme objectif d’être un lieu délibératif
préparatoire à la conférence euroméditerranéenne
qui se tiendra à Marseille en novembre 2000.
Il souhaite débattre, et influer, sur les différentes
pensées institutionnelles, contestatrices ou
réformatrices émergentes sur ces questions.
Ce, fort de sa conviction que nous entrons dans une
époque de double appartenance, de double aventure,
de double allégeance, celle du local hérité
et celle “du monde en tant que tel“, suivant
la formule de Jacques Lévy.
Notre époque que certains voudraient qualifier
de fin de l’histoire avec une civilisation moribonde
est au contraire celle d’une explosion de la culture
observable à Marseille cité inédite
du futur.
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